En cette journée internationale du sport féminin, nous sommes partis à la rencontre de l'athlète professionnelle Alice Mitard. À seulement 24 ans, elle pratique le demi - fond au plus haut niveau. Entre difficultés rencontrées, métier parallèle et objectifs futurs : Alice nous en dit plus sur son parcours et son quotidien.
Maurine : Comment as-tu commencé l'athlétisme ?
Alice : Depuis toute petite, je pratique des activités sportives. En tout, j'en ai pratiqué une dizaine avant de choisir l'athlétisme.
C’est arrivé un peu par hasard vers le CM1. J'étais dans un club de foot où mon père était secrétaire donc j'allais à tous les matchs et entraînements des seniors, et j’adorais faire les tests VMA avec eux !
Et il se trouve que j'habitais juste en face du stade d'athlétisme. Alors un jour, mon père m'a dit « mais vu que tu aimes bien courir, pourquoi tu ne ferais pas de l’athlétisme ? ».
Donc j’ai commencé quelques entraînements et puis finalement, j'y suis toujours !
Maurine : Comment as - tu évolué dans ce sport pour réussir à l'exercer au plus haut niveau ?
Alice : J'ai intégré au lycée le pôle athlétisme qui existait dans mon club à Tours. J'avais donc des horaires aménagés pour travailler et pratiquer l’athlétisme, et ça a été le premier pas vers le haut niveau.
De là, je me suis entraînée, j'ai fait mes premiers résultats en cadet avec mon premier podium, et l'été d’après je suis devenue vice-championne de France cadette du 1500m.
J'ai donc fini par me mettre plus sérieusement dans l'entraînement. Je respectais mieux les consignes, aussi bien les footings que les récupérations.
Et petit à petit, les sélections sont venues tout naturellement.
Je me suis un peu plus imposée sur les podiums nationaux et sur les sélections dans les catégories jeunes, pour finir récemment sur le passage en senior.
À savoir qu'entre les sélections jeunes et le passage en senior, il y a eu une période de 3-4 ans sans sélection où j'ai un peu plus peiné à faire ma place. Et finalement, cet hiver, j'ai enfin réussi à décrocher cette fameuse sélection pour mon plus grand bonheur.
En fait, quand on a eu le maillot de l'équipe de France une fois, on a envie de l’avoir encore !
Maurine : Et comment arrives - tu à gérer les difficultés rencontrées ?
Alice : Alors, personnellement ce qui était assez paradoxal c'est qu'à l'entraînement je progressais, mais en compétition ça bloquait, donc je me suis rendu compte que c'était surtout un blocage mental.
Même maintenant, j'ai un peu plus de mal à m'exprimer sur les championnats français alors que j'ai des meilleurs chronos qu'en espoir.
Donc, pour pallier tout ça, j'ai travaillé, mais surtout, il y a un peu plus d'un an, j'ai obtenu mon premier poste comme professeure des écoles, ce qui a changé mon rythme de vie.
Après avoir obtenu mon concours, j'ai été nommée à Orléans. J'ai dû changer de ville et c'est à ce moment-là que je me suis dit que c'était le moment idéal pour tout changer dans ma façon de m'entraîner.
C’est-à-dire que j'ai pris la décision de changer d'entraîneur. Il est arrivé avec une toute nouvelle méthode d'entraînement, même si elle a des points communs avec l'ancienne.
Mais c'est un nouvel élan !
Je pense qu'aussi bien physiquement que mentalement, j'ai été libérée et c'est ce qui explique que depuis un peu plus d'un an maintenant j'arrive à reconfirmer et à améliorer mes chronos.
Maurine : D'ailleurs, pourquoi ce choix d'avoir un métier en parallèle de l'athlétisme ?
Alice : Le choix du double projet nous est un peu imposé en France parce que, certes, on peut arrêter les études mais ce n’était pas dans l'optique qui m'était offerte. J’ai une famille qui est plutôt scolaire et avoir un diplôme reste rassurant.
Ce qui m’a surtout aidé et permis de faire ce double projet c'est la possibilité en première année de master d’étaler les cours sur 2 ans pour ensuite passer le concours.
C’était le meilleur équilibre possible pour avoir le temps de m’entraîner en parallèle.
Ensuite, l'année dernière en tant que stagiaire, je travaillais à mi-temps et le reste du temps j'étais à la fac donc j'avais tout de même un emploi du temps chargé mais c'était un premier pas dans le monde professionnel.
Finalement tout s'est fait en douceur.
Maurine : Comment gères - tu ces deux aspects dans ta vie actuelle ?
Alice : Cette année pour pouvoir continuer ce double projet, j'ai pris un temps partiel : je suis professeure des écoles à 75%.
Par exemple, le lundi je ne travaille pas donc je peux consacrer ce jour à autre chose. Ça me permet de me reposer, d'aller chez le kiné ou alors d'aller à une compétition lointaine le week-end et de revenir tranquillement le lundi.
Dans l’école où j'enseigne, on travaille sur 4 jours et demi par semaine. Par exemple le mardi et le vendredi je termine à 15h donc ça me permet aussi d'avoir des rendez-vous kiné à ces moments-là, avant les entraînements ou même après.
Finalement, ça me permet de participer à plus de compétitions et de mieux m'organiser pour ma semaine de travail et d'entraînements.
Il y a pas mal de facteurs qui sont rentrés en compte cette année et qui se sont très bien alignés pour me permettre de faire ça du mieux possible.
C'est un équilibre de vie que j'ai trouvé, qui me correspond et qui me permet de performer.
La sélection pour les championnats d'Europe !
Maurine : Revenons sur cette sélection en équipe de France pour les championnats d'Europe, pourquoi cette course était un réel enjeu pour toi ?
Alice : Alors, pendant le cross de sélection, j'étais complètement outsider. Je me suis lancé le défi d’aller sur du cross long alors que je suis plutôt spécialiste du cross court.
Mais, en octobre dernier avec mon entraîneur, on a fait le point. On a fixé nos objectifs : on s'est dit qu’il y avait un potentiel à prendre sur le long de ma part. C'est quelque chose que j'ai peu exploré pour l'instant et sur lequel j'arrive à bien m'améliorer ces dernières années.
On a fait ce pari - là. Au mieux on gagne une sélection, au pire j'aurais tenté !
Je voulais vraiment cette sélection, j'étais vraiment déterminée, je me suis entraînée tous les jours en y pensant. Je pense que si j’étais rentrée à la maison sans l’avoir, ça aurait été un énorme coup dur.
Mais étonnamment, le jour de la course, et même la veille, j’étais plutôt détendue.
Pourtant ces dernières années, j'ai eu un peu de mal à gérer ce stress en compétition mais cette fois – ci j'avais une pression positive.
Et au final, toutes les planètes se sont alignées pour m’offrir cette première place !
J'ai réussi à prendre les rênes de la course. Chose qui est quand même assez forte dans une course aussi dense et avec un tel enjeu.
Maurine : Et maintenant quels sont tes objectifs pour l'année 2023 ?
Alice : Pour cet hiver, je vais faire un 1500 et un 3000m en salle. Donc je vais découvrir la discipline du 3000m en salle, ça va être une saison un peu en parallèle du cross.
Mon objectif de la saison ça serait les championnats de France de cross qui ont lieu en mars.
Pour l'été, ça reste encore un peu vague pour l’instant.
Je sais que sur 1500m je peux encore un peu faire baisser le chrono, mais en même temps, il y a des envies de peut-être monter un peu sur le plus long. En-tout-cas, je ne me ferme pas de porte pour l'instant. Il n’y a rien de déterminé encore !
Maurine : Et pour finir, est - ce que tu as un conseil à donner à un futur athlète ?
Alice : Tant que le plaisir est là, même si les résultats ne viennent pas, on reste présent à l'entraînement et mobilisé.
Il faut aussi savoir se détacher autour de l'enjeu, se mettre que sur le plaisir et se recentrer sur soi-même.
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